Étudier et habiter – Recherche sur le logement étudiant

Au cours de l’année universitaire 2008-2009, l’équipe de Jeudevi (Christophe Moreau, Christophe Pecqueur, et Gilles Droniou) a mené une étude sur le logement étudiant pour le compte du PUCA (Plan Urbain Construction Architecture).

L’objectif de cette recherche

Cette étude s’inscrit dans un programme de recherches qui, à l’initiative du PUCA, vise à développer un socle de connaissances sur le thème des conditions de vie des étudiants et de la relation qu’ils entretiennent avec leur logement. L’enjeu est de proposer des pistes de réflexion pour l’action, permettant d’éclairer les décisions des acteurs en capacité de produire ou de faire produire du logement à destination de la population étudiante. Les publics étudiants sont envisagés comme une « population » ayant ses spécificités sans pour autant être saisie comme une catégorie sociale spécifique (être étudiant est un état transitoire et changeant). Désormais, on parlera donc davantage des « conditions étudiantes ». Alors que chaque rentrée universitaire soulève la question de la crise du logement étudiant, on peut se demander aujourd’hui comment l’éclatement de la condition étudiante se traduit en termes de nouveaux besoins matériels et qualitatifs de logement ? Si historiquement le problème public du logement étudiant était traité par les CROUS (centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires), on constate que ceux-ci n’ont pas su s’adapter à l’évolution de la population étudiante et que cette question a aujourd’hui tendance à être renvoyée vers les sphères privées de la famille et du marché. En outre, dans le cadre de la politique européenne d’harmonisation des cursus universitaires, il est utile d’envisager des comparaisons avec les autres pays européens afin de comprendre comment y est traitée cette question.

La méthodologie de l’enquête

A partir de nos hypothèses sur la jeunesse étudiante et les trajectoires atypiques, il nous a été possible de définir cinq catégories spécifiques de personnes à interroger. De façon pragmatique et par souci méthodologique, nous avons supposé que certains étudiants seraient plus « en décalage » avec l’environnement social (l’étudiant alternatif, certains étudiants salariés), et que d’autres au contraire seraient dans une projection plus conformiste (l’étudiant classique de type ingénieur, l’étudiant étranger, l’étudiant boursier). Il s’agissait principalement de dissocier des « sous échantillons » pour organiser la passation d’entretiens qualitatifs. Nous faisions surtout l’hypothèse que ces cinq « mondes sociaux » d’étudiants donneraient à voir des positionnements différents à l’égard des « paramètres de l’habiter » que nous avons définis.

Les critères d’âge et de types de formation, sans qu’ils constituent des facteurs décisifs dans l’orientation de nos choix, ont cependant été pris en compte dans la mesure du possible. Sur la quarantaine d’entretiens, 22 garçons et 17 filles, âgées entre 17 et 47 ans (dont 24 entre 20 et 25 ans), habitant pour la majorité d’entre eux à Rennes dans le cadre de leurs études. Des études allant de simples formations, à des Masters professionnels, en passant par des BTS et des licences. L’appartement (16) et la résidence universitaire (20, publique ou privée) sont les principaux types de logements visités.

Les entretiens se sont tous déroulés au domicile des personnes de façon à pouvoir constater de visu la réalité de leur installation et à favoriser un échange plutôt informel. Les entretiens ont été complétés par une série de photographies et de vidéos. Les entretiens avec les étudiants se sont déroulés dans deux sites universitaires bretons (Rennes et Saint-Brieuc). La phase suivante de l’enquête, consacrée au travail des opérateurs de logement, nous conduira à élargir nos investigations à cinq autres sites.

Quelques éléments de conclusion

En conclusion de cette recherche, nous avons élaboré des profils de l’étudiant habitant. Des catégories idéales-typiques qui se déclinent par série de trois, de deux manières différentes et complémentaires à la fois. D’abord, avec un regard sociologique considérant les pratiques habitantes des étudiants sous l’angle relationnel, ou comment l’étudiant s’exerce au jeu de la frontière en se liant et en se déliant à son environnement. Ensuite, au travers d’une perception axiologique, c’est-à-dire affective ou émotionnelle des pratiques habitantes, ou comment l’étudiant régule ses comportements en s’autorisant ou pas à satisfaire ses désirs. À chacune de ces deux approches correspondent trois figures de l’étudiant-habitant ; deux représentent les extrêmes qui s’opposent, et une illustre la position intermédiaire.

Pour terminer, nous concluons en abordant les points suivants : des difficultés à habiter, des situations de mal-logement, et des éléments pour penser l’offre de logement étudiant.

Vous pouvez télécharger ci-dessous le rapport complet de cette recherche.

0905 jeunes étudiants et logement LARES

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